A BAS LA CASERNE

L’embrigadement de la population au service de la bourgeoisie parisienne pour exploiter son empire colonial.


En fait de régionalisation, l'Hexagonerie n'est toujours pas sorti de l'age des casernes.

Ce n'est pas la morne campagne présidentielle qui prouvera le contraire, l'Hexagonerie et sa cinquième république sont au bout du rouleau. L'analyse était faite depuis 50 ans mais les "hauts fonctionnaires" et leurs cliques contrôlent parfaitement ce système totalement bloqué mais qui leur convient, mis au point dans ses grandes lignes par un Général, inspiré par un petit caporal. Cependant il faut bien le constater, toutes les "armadas" parisiennes sont encalminées. Vous trouverez, pour illustrer le phénomène de la “caserne”, cette chronique de Morvan Lebesque chroniqueur au Canard Enchaîné et c'est moins connu au Peuple Breton, parue dans ce dernier en décembre 68, il y a donc 54 ans !


Ci-dessous : texte de Morvan Lebesque, paru dans le Peuple Breton n°62, en Décembre 1968.


A BAS LA CASERNE


La Bretagne est un des pays les plus pauvres d'Europe. Les Bretons sont-ils donc des incapables ? Evidemment non : partout dans le monde - au Canada où j'étais l'an dernier, aux USA d'où je reviens – on rencontre des Bretons prospères, hautement qualifiés, cités en exemples de réussite. Paradoxalement, c'est donc à domicile que le Breton se révèle « arriéré », preuve éclatante que la responsabilité en échoit non à lui mais au système qui l'a conditionné - lui et, à des degrés divers, tous les habitants de l'Hexagone. Car si la France ne figure qu'un Etat techniquement et commercialement attardé (ce n'est pas nous qui le disons, mais le pouvoir lui-même, devant l'échéance du Marché commun), la raison en est simple : en aliénant ses composantes, elle a freiné son propre essor aussi implacablement qu'une famille dégénère lorsqu'elle paralyse les énergies de ses enfants.

Une famille ? Non, une caserne. Car l'État napoléonien s'est jusqu'à nos jours confondu avec un système uniquement militaire, axé sur l'impérialisme. Les peuples composant la France y constituaient une masse de manœuvre nivelée, indistincte, soumise à un état-major nommé Paris ; leur personnalité se réduisait à un matricule, le département (devenu logiquement) un simple numéro sous le gaullisme ; la morale se bornait à une discipline, route notion du bien et du mal se référant au seul critère utilitaire d'État ; endoctrinée de chauvinisme, cette masse, essentiellement disponible, était entretenue non pour l'effort intérieur mais pour la conquête extérieure, d'où son efficacité médiocre : on ne demande pas à un soldat de donner le meilleur de lui-même à la caserne, mais seulement de s'y exercer à le donner ailleurs, sur un théâtre d'opérations.

Par malheur pour ce système. il n'y a plus de théâtres d'opérations : l’impérialisme français est mort à Dien-Bien-Phu et à Alger. Ou plutôt, le théâtre d'opérations est devenu ici-même : la puissance ne se gagne plus au dehors mais au dedans. C'est ce qu'avaient compris par force les petites nations non belliqueuses, aujourd'hui prospères : la Suisse, la Hollande, les pays scandinaves, etc.

Mais quand la France s'y trouve à son tour obligée, elle se heurte il un obstacle insurmontable : la caserne où elle continue de vivre, avec ses lois, ses mœurs, ses habitudes. Un exemple suffira : ce qu'on appelle l'économie française qui est en réalité une intendance de caserne, une subsistance comme on dit à l'année : fermée sur elle-même, fonctionnant en vase clos, soutenue à coups de subventions agricoles ou industrielles, conçue non pour affronter les économies étrangères mais pour « nourrir le soldat », avec tous les profits, routines, combines et coulages inhérents à une intendance. Il faut donc tout reconvertir - le mot est faible : tout recréer. Il faut désencaserner la France. Restituer à ses peuples leur personnalité, condition absolue du relèvement intérieur. En bref, les rendre à la vie civile. Ne cherchez pas ailleurs la raison de ce mouvement baptisé faute d'autre mot régionalisme et par lequel tout le monde, aujourd'hui, se sent obscurément concerné : incapable de le définir vraiment, mais persuadé, d'instinct, de sa nécessité.

Seulement, c'est une révolution - pas une évolution - et l'on jugera donc les hommes et les partis à la mesure de leur refus de l’État ancien. Il est vain de promulguer un effort interne en restant, comme Debré, maniaquement attaché au système de la caserne. Et, bien sûr, Debré n'est qu'un réactionnaire qui ne trompe personne ; mais même à gauche on rencontre encore trop de gens qui demeurent englués malgré eux dans les habitudes du militaire - ce « bon temps » comme disent certains anciens troufions et comme dit l'histoire officielle à propos de Napoléon ou de 1914-1918. La liste de ces habitudes tiendrait tout ce journal et constituerait une étonnante psychanalyse de la France.

Bornons-nous aujourd'hui à évoquer la plus redoutable : la passivité. Le soldat est passif, c'est sa condition même. Il attend tout d'en haut, les ordres, la soupe, la vie, la mort. Et pareillement, le peuple breton n'est encore qu'une longue attente, l'œil fixé sur la porte de la chambrée où tout à l'heure apparaîtra, quelque notable porteur de décision, quelque gradé du pouvoir central, préfet-colonel ou député-chef de brigade. Son sort lui échappe - lui, surtout, le plus humble de tous les conscrits, le péquenot, le baragouineur, chair à canon traditionnelle ; trop heureux si le notable intermédiaire réussit à lui obtenir un prêt de quelques francs, l'implantation d'une usine pirate, le transfert d'un bureau à Nantes ou à Brest, faveur insigne comme une permission et qu'on lui remet à condition de se bien conduire, d'être bien vu du Général. Il obéira. et remerciera. Et, bien entendu, il paiera de sa personne. Car, en Bretagne, « Je vous ai compris » se traduit « Sacrifiez-vous ». Comme à l'armée.

La révolution régionaliste prendra des formes encore imprévisibles. Mais si elle aboutit vraiment, elle ne peut être en effet que cet immense retour à la vie civile qui rend à l'homme sa responsabilité et exalte la personnalité de l'un au bénéfice de tous. Au niveau des pays comme des hommes, cela s'exprime par un cri, l'éternel cri des peuples adultes : NOUS-MÊMES !



Direction l'autonomie,

Pour une administration efficace de l'éducation publique, il faudra mettre en place
la dévolution de la compétence “éducation”, d'autant plus que les résultats des écoles régionales (type : Diwan) sont meilleurs que ceux obtenus dans le circuit “officiel".
Un rapport de l'EN l'avait même constaté, en réponse le ministre a rendu, 3 mois après la Chine populaire pour les Ouighours, l'enseignement immersif anticonstitutionnel via un avis du conseil du même nom.

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